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Je déteste les adieux

  • dansmoncoeurdemaman
  • 1 avr. 2016
  • 7 min de lecture

Ce soir encore j'ai la désagréable sensation de laisser plein de choses derrière moi en déménageant.

C'est une page de notre vie qui se tourne. La page parisienne.

Notre premier vrai appartement en couple (après une colocation puis un an loin l'un de l'autre à cause de mes études).

Les naissances de nos louveteaux.

Les préparatifs de nos mariages même si les cérémonies ont eu lieu dans le Sud. Tout semble rattaché à la région parisienne.

Je pense aux gens avec lesquels je commençais à sympathiser et au fait que la distance n'aidera pas à nous connaître plus, je trouve cela dommage. Je pense à toutes les invitations à dîner que je voulais lancer, et au manque de temps, à Grand Loup qui rentre tard, à la maison sale et en bordel, aux enfants qui me vident de toute mon énergie.

Je pense à mes études parisiennes, jusque là j'avais l'impression que c'était proche, et là d'un coup avec la distance que je vais mettre entre Paris et moi, tout de suite cela me paraît s'être passé il y a des millénaires comme si tout ce qui me définissait avant d'être maman était entre parenthèses depuis trop longtemps. Et pourtant, j'aurai du mal à refermer cette parenthèse, je suis trop maman et pas assez femme, j'ai besoin d'un équilibre mais j'ai l'impression que je ne le trouverai jamais.

J'ai l'impression de lâcher plein de choses, de tout laisser en suspens.

Quitter cette vie là avant la fin de l'année scolaire, ne pas laisser P'tit Loup aller jusqu'au bout de son année, ne pas aller jusqu'au bout de mes engagements notamment auprès des autres délégués de parents d'élèves. Plein de projets que je ne verrai pas aboutir, ne pas voir la kermesse de juin, la fête des mères et des pères ici... Tant de choses. Je passe mon temps à me demander comment cela serait si nous restions. Est-ce que ce serait mieux, serions nous plus heureux ?

Nous partons au moment où je commence à avoir des invitations à des apéros, des dîners, mais aussi des événements en lien avec le blog.

D'un coup je ressens l'éloignement avec Paris comme un isolement, comme si tout se passait sur Paris.

Me dire que plus jamais je n'entendrais en me posant tranquillement sur le lit après avoir endormi les enfants, les musiques du spectacle de Disneyland qui parviennent jusqu'à nous chaque soir ou voir les lueurs du feu d'artifice quand je ferme les volets.

Je n'entendrais plus le train du parc en journée qui siffle.

Plus jamais je n'accoucherai aux Bluets, cette maternité qui m'a aidé à avoir mes deux louveteaux. Et m'imaginer accoucher ailleurs un jour est une idée qui m'angoisse au plus haut point.

Si j'ai d'autres enfants, ils ne seront pas parisiens, Grand Loup ne prendra pas le bus pour acheter des choses chez Bébé cash à Nation pendant que je me repose à la maternité, il n'ira pas ensuite déclarer la naissance à la mairie du 12 ème arrondissement. Plus jamais.

Je repense aussi à notre appartement dans le 12ème, à la place d'Aligre, au marché quotidien, à la brocante, je visualise chaque magasins de la place, et mêmes les gens qui y vivaient, les voitures et camions entassées dans la rue Beccaria, les odeurs, rarement agréables il faut le dire. Je pense aux enfants que je gardais, à l'école maternelle que j'aimais tant et dans laquelle j'imaginais que P'tit Loup irait à l'époque, au chemin que je faisais tous les jours pour aller les récupérer, à mon admiration pour leur mère.

Mais je pense aussi à mes trajets en métro sur la ligne 1 entre notre appartement et ma si belle école. Plus jamais je n'étudierai dans un cadre aussi beau, tous les jours je prenais le métro à la gare de Lyon, je connaissais par cœur le virage et le ralentissement avant l'arrêt Bastille, les multiples recommandations et dans toutes les langues, je connaissais tous les arrêts entre l'école et l'appartement, le temps de trajet, je sortais rue de Rivoli, j'entendais la voix de femme dire "Palais Royal-Musée du Louvre". Et là, tous les jours sans exception j'en prenais plein la vue. C'était époustouflant.

Je devais me frayer un chemin et me frotter aux touristes, dans le carrousel du Louvre les jours de mauvais temps, ou traverser sous les arches les jours plus cléments, voir la pyramide de Pei, passer près de l'Arc de triomphe dans la cour, au loin la grande roue, Orsay, la Concorde, et les jours où il ne fait pas trop moche : La tour Eiffel. Le soir, quand je sortais tard de cours, je voyais son éclairage, comme un phare dans la nuit, mais aussi son scintillement. Il y avait les rats qui couraient dans les haies mais je n'y faisais plus vraiment attention, comme aux dealers et aux personnes en quête d'un coup d'un soir dans les fourrés et de je-ne-sais-quoi-d'autre, cela faisait partie du décor... Puis là, la porte des Lions, le pavillon de Flore, la porte Jaujard, l'école.

Je sais pourquoi je suis partie, mais pourtant je n'ai jamais vraiment fait le deuil de cette époque, de cette école, de ce cadre de vie.

Sur un coup de tête, je pouvais décider d'entrer dans le Louvre, avec le pass et l'habitude, je ne perdais plus de temps, je savais quelle porte emprunter pour aller dans tel ou tel autre département, je connaissais les différentes ailes, je pouvais y entrer pour une seule œuvre, pour y réviser ou pour le plaisir.

Quelque part je crois que le Musée et l'école étaient comme une autre maison pour moi, je m'y sentais bien et cela me changeait de cette chambre chez l'habitant avec cette ambiance tellement glauque... D'où le pincement au cœur à chaque fois que j'y pense.

Je me rappelle de nos repas en amoureux le midi quand nous avions le temps de prendre une vraie pause, c'était rare mais j'aimais cela. Je rejoignais Grand Loup place Saint-Michel, à pied, choisir de traverser par le pont des arts, ou longer le Louvre, passer sur l'île de la Cité, la Conciergerie, la belle horloge, Notre-Dame visible en traversant le dernier pont qui me sépare de Grand Loup. Ou en bus. Le trajet était si beau.

C'est ça aussi vivre à Paris, c'est en prendre plein la vue à chaque coin de rue, se dire qu'avec quelques minutes de marche tant de choses sublimes sont accessibles et cela va me manquer. Je suis amoureuse du Sud-Ouest mais Paris est mon amant, Paris est frivole, Paris est libre, Paris est vivant. Paris est homme, Paris est femme, Paris a un visage mais mille facettes.

Mais depuis que nous nous sommes installés dans le 77, je n'avais plus les avantages de Paris, plus que des inconvénients, dur d'y retourner, une heure de RER ou des bouchons me découragent maintenant que j'ai des enfants.

Je me dis que même si nous revenons dans le coin passer des vacances, et encore plus certainement sur Paris, tout sera très différent, il n'y aura plus cet aspect quotidien, connu, des tas de choses auront changées, nous n'en profiterons pas du tout de la même manière.

Évidemment, je n'allais pas tous les jours à Disney, je ne voyais pas tous les jours la Tour Eiffel même si je l'adore, mais je me disais que si je le souhaitais j'en avais la possibilité, c'était à portée de voiture, en moins d'une heure je pouvais faire toutes ces choses.

Sur un coup de tête, j'aurai pu faire telle ou telle chose, même si avec les enfants des décisions sur un coup de tête il n'y en a plus tellement...

Parfois j'ai le sentiment que j'aimerai être partout à la fois. Et tant que le dédoublement et la téléportation ne sont pas à ma portée, il faut que je fasse le deuil de tout ça.

Chaque jour je me demande si c'est la dernière fois que je fais telle ou telle chose ici, que je vais à tel ou tel endroit.

Et je déteste ça.

Et sans parler de Paris, j'ai du mal à me dire que je laisse trois ans de vie dans le 77 derrière nous, quasiment toute la vie de P'tit Loup puisque nous sommes arrivés peu avant ses trois mois, mais aussi presque toute la première année de Mini Loup, il fêtera son premier anniversaire dans une nouvelle maison, probablement entouré de cartons encore.

Je me demande comment seront mes derniers échanges avec les personnes qui m'entourent, le souvenir qu'on laissera.

J'ai ce goût amer d'inachevé.

Et d'un coup d'œil j'ai l'impression de voir tout ce que je laisse derrière moi, la liste m'apparaît assez clairement dans la tête. Mais aussi tout me semble plus sombre : la pluie et la boue n'aident pas, les propriétaires qui nous mènent la vie dure non plus, et je n'ai pas envie qu'ils me gâchent mes derniers souvenirs d'ici. Même si cette maison n'est pas ce que nous aurions aimé qu'elle soit : je laisse des éclats de rire ici, des câlins, des annonces, des déclarations d'amour, des premières fois pour chacun de mes enfants, des chasses aux œufs, des anniversaires, des disputes et des réconciliations, des moments de vie.

Je fais le deuil d'une époque, de plus de cinq ans de vie "parisienne".

J'ai l'impression de rompre, je suis en pleine rupture avec cette vie là, et je suis encore dans l'incertitude quant à notre avenir avec notre nouveau compagnon : le Sud-Ouest. Sera-t-il aussi bon que dans nos souvenirs, nous apportera-t-il autant de bonheur, posera-t-il ses mains sur mes hanches et plongera-t-il ses yeux dans les miens de la même manière ? Sera-t-il aussi attentionné avec nous, la vie sera-t-elle douce...? La caresse du vent sur nos visage et dans les boucles de P'tit Loup. L'air sera sans doute moins pollué, mais respirerons nous mieux ?

Une page se tourne et...

Je déteste les adieux.

[un billet un peu sombre, un peu amer, un peu décousu, désolée. C'est l'humeur du soir et de ces derniers jours. Le mauvais temps y est pour beaucoup...]

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